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Parler de vie sexuelle avec des couples n'allait pas de soi, dans les débuts du ministère du Père d'Heilly. Quelques voix discordantes ou jalouses le dénoncèrent, lui reprochant de vouloir laver de tout soupçon de péché la vie charnelle des époux, comme on disait alors, et de prétendre qu'elle était appelée à signifier l'amour de Dieu. En 1956, le Général des Jésuites lui demanda de coucher par écrit son enseignement en la matière, en vue de le faire examiner. C'était la suite, logique et douloureuse, de quelques plaintes venues de certains auditeurs, Portugais y compris. En attendant, on lui demandait de s'abstenir d'aller prêcher à l'étranger. On voulait aussi qu'il désavoue un cahier composé à partir de certaines de ses interventions, qui avait été polycopié et largement répandu, dans le diocèse de Besançon, car cette diffusion s'était faite sans autorisation préalable de ses supérieurs. A l'inverse, dans une optique opposée, l'éditeur Mappus, du Puy, retraitant séduit par la doctrine et la spiritualité dispensées par le Père, désirait publier toute cette richesse dans ce qui deviendra Amour et Sacrement (X. Mappus, 1963; Cerf, 1971). Mais, lors d'un premier examen des textes en question, les censeurs jésuites, refusèrent l'imprimatur estimant que ces dits-textes n'étaient pas du niveau de ce que l'on publie dans la Compagnie. L'année suivante, d'autres examinateurs, plus engagés dans la pastorale, pensèrent que cette reprise de conférences et sessions spirituelles méritait publication. Derrière ces passes d'armes, était en jeu toute une doctrine concernant la place et l'importance de l'amour conjugal, qui n'eut pleinement droit de cité dans l'Eglise catholique qu'avec le concile Vatican II.
Pour être plus précis, l'insistance d'Alphonse d'Heilly sur l'amour conjugal comme fondement du sacrement de mariage incitait certains critiques à penser qu'il mettait trop en veilleuse la grâce du Christ opérant dans ce sacrement, laissant ainsi croire que l'accomplissement de celui-ci et la réussite de la vie conjugale coïncidaient nécessairement. Autrement dit, on craignait une conception trop naturaliste du sacrement, condensée dans ce raisonnement: là où il n'y a plus d'amour, il n'y a plus de sacrement. L'orthodoxie doctrinale alors en vogue admettait difficilement que, en théologie comme en spiritualité, on parte de l'amour du couple et des règles psychologiques qui président à son développement, pour parler de la vocation conjugale, selon le titre de l'un des opuscules du Père, qui, à lui seul, sentait déjà le souffre. La belle formule de celui-ci : « Développer dans un même cœur humain l'amour de Dieu et l'amour du conjoint » passait difficilement la rampe, même si cette expression ne s'en prenait qu'à de dangereux cloisonnements dualistes. Le vent ayant tourné avec les temps conciliaires, il put intégrer dans ses conférences et retraites bon nombre de facteurs psychologiques et pédagogiques, sans craindre trop d'opposition.
L'on peut relever qu'avec une persévérance rare et beaucoup d'humilité, il sut se renouveler, retravaillant le texte de ses interventions et les enrichissant souvent d'excellentes corrections manuscrites. C'est tout le contraire de certains conférenciers sûrs d'eux-mêmes, qui estiment avoir mis au point leur texte une fois pour toutes et vont ensuite le promener de ville en ville. Le Père d'Heilly, lui, quand il écrit un texte polycopié (27 pages) intitulé Pour une information sexuelle conjugale selon les principes de la morale chrétienne, ajoute modestement : « Avec la collaboration de plusieurs centaines de foyers chrétiens ». Pour ma part, je ne suis pas certain que, l'ensemble des couples catholiques d'aujourd'hui, signeraient ces lignes : « L'amour chrétien, s'il suit sa ligne normale de progrès et de croissance, tend à se désensualiser et à se spiritualiser progressivement, autrement dit, les notes charnelles (qui jouent un rôle si important dans les débuts du mariage), perdent peu à peu de leur importance, au bénéfice des notes plus spirituelles » (p. IV). Cette vue des choses était aussi celle des Equipes Notre-Dame, sous la mouvance spirituelle de l'Abbé Caffarel.
Tout comme l'Abbé Caffarel, le Père d'Heilly estimait que la soumission à la morale établie dans l'Eglise et l'obéissance au Pape, même après Humanae Vitae (1968), faisaient partie des données essentielles de la foi catholique. Un lecteur d'aujourd'hui demeure étonné de constater la place presque envahissante occupée par les problèmes éthiques, au sein de l'ensemble des grandes conférences du Père, publiées sous le titre Aimer en actes et en vérité (ed. Saint-Paul/Cler, 1996, 243 p.).
Si donc, dans le domaine de la morale conjugale, l'innovation semble discrète, par contre, dans le secteur de la sacramentalité du mariage des chrétiens, le Père d'Heilly, simultanément avec l'Abbé Caffarel, ont fait accomplir des pas de géant. Ils insistent sur la permanence du sacrement, l'intimité du couple, la place de la tendresse et de la sexualité, l'approfondissement de la vie spirituelle de chaque membre du couple.
Alphonse d'Heilly met en garde contre l'amour fusionnel. « Une des souffrances majeures de mon travail dans les retraites de foyers : découvrir ce fait incroyable qu'un homme et une femme mariés sont rétrogradés au point de vue croissance de la personnalité par rapport à des célibataires ou des veufs du même âge. Parce que mon compagnon ou ma compagne, au lieu de jouer un rôle normal dans ma croissance, en réalité stoppe cette croissance. (...) Que l'amour conjugal asphyxie les personnalités des gens mariés, c'est une trahison, puisque, dans le dessein de Dieu, le mariage, c'est la promotion de la personne. Hélas, ajoute-t-il, dans la majorité des cas, le mariage, c'est la voie de garage de la personne. »
(cf conférence La relation du conjoint avec le conjoint).
D'après le Père, le sacrement de mariage, c'est la libre remise de l'amour de l'homme et de la femme entre les mains de l'Eglise, ce qui implique un dialogue véritable entre ce couple et la communauté ecclésiale qui l'accueille, en vue d'une prise en charge réciproque. Il existe donc une symbiose, comme entre le Christ et l'Eglise, avec toutes les transformations pascales que cela entraîne. Il s'agit donc non seulement d'un bel amour conjugal qui s'engage publiquement et ecclésialement, mais cet amour-là est transformé dans le sacrement, à la manière du pain et du vin transsubstanciés dans le sacrement de l'eucharistie. Dans ses retraites, il pousse aux révisions de vie : « Vivons-nous un amour conjugal dont tous les aspects : psychoaffectifs, charnels, spirituels, professionnels ou apostoliques, sont éclairés, dynamisés par la relation aux autres, celle à laquelle nous nous sommes engagés en entrant dans le sacrement de mariage ? » (Saint-Hugues de Biviers, mars 1978). De là cette invitation à un examen de conscience adressée aux équipes CPM formées de couples - animateurs et de prêtres : « Sommes-nous assez pénétrés de cette dimension communautaire du sacrement de mariage, et cette optique est-elle déterminante dans la pédagogie avec les fiancés, dans la présentation du sacrement de mariage ? » (id.)
La prise au sérieux des laïcs mariés, la découverte progressive que les personnes mariées bénéficiant de dons propres pour mieux comprendre et mettre en œuvre toutes les richesses du sacrement de mariage, la collaboration étroite entre couples - animateurs et prêtres au sein des équipes CPM, la formation de centaines de prêtres intéressés par le travail pastoral du Père d'Heilly (cf. la session pour prêtres et le polycopié Pastorale du mariage, 145 p., 1967), entraînent bien des transformations dans les relations prêtres - laïcs, prêtres - couples et prêtres femmes. Au contact de couples qui se forment et d'autres qui s'efforcent de vivre en chrétiens les réalités de la vie conjugale et familiale, bien des prêtres ont découvert l'écart entre les exigences du vécu et l'enseignement reçu au séminaire. Beaucoup d'entre eux ont vite compris qu'ils ne possédaient pas la science infuse, en des domaines où les perceptions et implications personnelles diffèrent d'un couple à l'autre. « Auprès d'eux, dit un prêtre, j'ai appris à céder une part de mon pouvoir à relativiser mon savoir et à réévaluer ce que je crois être mon savoir-faire. » La complémentarité et la co-responsabilité franches et loyales entre laïcs et prêtres furent souvent une heureuse surprise pour les fiancés, qui découvrirent ainsi au passage que les responsables de l'Eglise n'étaient pas nécessairement pontifiants, répressifs et fermés au dialogue. Ils découvrent aussi que certains prêtres sont solidement formés dans les sciences humaines, tout comme des laïcs le sont en théologie et en pastorale.
-Le Père d'Heilly, tout en conservant son rôle de rassembleur et d'unificateur, a bien conscience d'être au cœur d'un bouleversement progressif dans la répartition des tâches ecclésiales. Mais, s'il prône une forte convivialité et co-responsabilité avec les couples qui partagent son ministère, il n'entend pas pour autant favoriser un aplatissement des fonctions ou une indifférenciation des rôles. Pour mener à bien de telles navigations, il convient que le pilote en chef fasse preuve de rigueur intellectuelle, théologique et spirituelle, ainsi qu'une grande justesse de jugement, toutes qualités que la plupart reconnaissaient chez Alphonse d'Heilly. Il rassurait, étant à la fois solidement ancré dans les traditions, et aussi ouvert aux adaptations et innovations. Ainsi, à une époque où la célébration eucharistique domestique était fort rare, il la pratiquait volontiers dans certaines familles, ou au sein d'un groupe de travail, il encadrait même aisément toute une journée de formation par la liturgie de la Parole, qui se déployait en plusieurs étapes, avec, en final, la distribution du pain et du vin eucharistiques

SON ENSEIGNEMENT EN

MATIERE CONJUGALE

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