• Accueil
  • La  FICPM
    • Notre fondateur
    • Status
  • Journées Internationales
    • Prochaines JI
    • Dernières JI
  • Sites nationaux
    • Belgique
    • Espagne
    • France
    • Italie
    • Luxembourg
    • Portugal


  • Contact
Pour situer et éclairer au mieux la personnalité spirituelle et apostolique du Père d'Heilly, écoutons ces paroles de l'homélie de Mgr Mondésert, lors des obsèques du Père, le 25 janvier 1979, à Grenoble : « Parce qu'il était habité par cette certitude qu'il n'y a pas de chemin plus sûr, plus direct pour conduire à Dieu, que celui de l'amour humain vécu dans toute sa vérité, ses exigences et sa richesse, il voua sa vie à l'apostolat auprès des couples et des fiancés. Il y réussit merveilleusement. » Comment expliquer une telle vocation pastorale, à une époque où le clergé était habituellement formé à dénoncer les péchés de la chair, plutôt qu'à regarder l'amour conjugal, en tant que tel, comme un chemin, lui aussi généreux, vers une authentique sainteté ?
Celles et ceux qui accompagnent les futurs époux dans leur préparation au mariage le savent parfaitement : chacun de nous est pétri au plus profond de sa personnalité par le milieu familial et social au sein duquel il s'est développé. Alphonse d'Heilly est né à Roubaix, le 26 juin 1906, et il s'est construit dans l'une de ces grandes familles du nord de la France où les valeurs familiales et chrétiennes, amour et solidarité en tête, se trouvaient particulièrement à l'honneur. Dans cette ambiance, Alphonse, le 3e de 7 enfants, entra chez les Jésuites, et sa sœur aînée devint religieuse. En ce contexte culturel régional, répondre positivement à une vocation religieuse ou sacerdotale ne signifiait pas se couper de sa famille. Cela était perçu comme un appel à continuer à vivre dans la proximité des siens, à travers de mystérieux et très féconds échanges. Cela ne veut cependant pas dire que la décision de renoncer à fonder soi-même une famille soit toujours aisée ! « Le 30 septembre 1926, laissant papa, maman, frères et soeurs, je rentrai chez les Jésuites, » écrira-t-il un demi siècle plus tard, encore marqué par la densité de cette séparation (lettre commune à ses amis, nativité 1975). Jésuite dès ses 20 ans, jamais Alphonse n'a cru manquer à ses engagements religieux en conservant et en développant des liens affectifs et des contacts profonds avec sa famille. Bien mieux : il puisait force et réconfort lors des retrouvailles avec ses racines. Il donnait beaucoup aux siens, mais il en attendait aussi beaucoup, usant de la forte considération dont il bénéficiait auprès d'eux. Cela explique en partie l'orientation de son ministère, et la tonalité de celui-ci, essentiellement axé sur le service humain et spirituel des couples et des familles, ces petites églises domestiques qui forment le tissu conjonctif de nos grandes communautés ecclésiales.
Il avait rêvé de marcher sur les traces de l'un de ses oncles maternels, missionnaire jésuite à Madagascar, « un grand priant », écrira-t-il plus tard. Mais de graves déficiences de santé, spécialement la maladie de Pott (tuberculose des vertèbres), lui interdirent d'y songer sérieusement. Ses supérieurs l'envoyèrent en Dauphiné, où un climat plus sec lui convenait mieux. Toute sa vie, il fut contraint de se ménager (sieste quotidienne), même si cela n'apparaissait guère à travers un emploi du temps vite débordant. Lors des festivités entourant le cinquantenaire de sa vie religieuse, il rendra ce témoignage : « Accepter le couple que nous formons et qui n'est pas le couple dont j'ai rêvé... surmonter le désarroi... Quand je vous parle de tout cela, je parle de quelque chose que j'ai moi-même vécu. Je sais ce que c'est que d'être désemparé par une espèce d'effondrement du projet qu'on a formé. » A une époque, ses ennuis de santé furent tels qu'il obtint de Rome, le 7 juillet 1955, la faculté de célébrer la messe en position assise, en cas de grande fatigue. De plus, un peu avant, le 7 juin 1955, en 2 CV, à la sortie de Versailles, il avait eu un grave accident de voiture. Bref, il lui avait fallu apprendre à faire avec la maladie, et à orienter autrement ses rêves de vie missionnaire. Cela lui fut d'autant plus éprouvant que, grand sensible, il était d'un naturel vulnérable.
De façon habituelle, le Père d'Heilly n'atteignait son plein rendement que dans une ambiance affective et suffisamment confiante. Cette chaleur humaine et cette approbation le rassuraient, et cela redoublait la qualité de ses interventions. Il faisait preuve alors d'une capacité d'humour qui n'en finissait pas d'étonner ses amis. A l'opposé, quand cette convivialité ne s'établissait pas, il manifestait de la raideur, de la susceptibilité, et un réel impérialisme. Lorsqu'il était contesté dans ses idées, il vivait cela comme un rejet personnel et un retrait d'amitié. Ainsi, s'éclairent quelques psychodrames qui furent très douloureusement vécus par leurs protagonistes, lors de certaines options délicates concernant les CPM ou la FICPM, là où il aurait été préférable de ne pas trop mêler lucidité et affectivité. Peut-être cette vulnérabilité psychologique, combattue par un courage indéniable et une foi fortement ancrée en lui, l'a-t-elle rendu proche de tant de couples, eux aussi fréquemment blessés en leur amour et en leur identité secrète, et cela jusqu'au cœur des réussites les plus apparentes.
Quoi qu'il en soit, l'arbre ne doit pas cacher la forêt. A cette époque, l'Eglise catholique entendait reconquérir du terrain en mobilisant des masses d'individus en vue de suppléer au peu de succès d'un clergé dépassé par la modernité. Au même moment, Alphonse d'Heilly, quant à lui, fut l'un des rares prêtres à porter ses efforts sur le groupe familial : comment assurer sa solidité humaine, sa formation chrétienne, son impact apostolique, et cela à travers une spiritualité conjugale qui soit autre chose qu'une imitation malhabile de la spiritualité des religieux ou du clergé.

L'HOMME ET SES RACINES

Association Sans But Lucratif de droit Luxembourgeois